Prostituée alcolo et toxico… Quelle drôle d’idée saugrenue. Je me mordais la lèvre, la haine défigurant mon visage sous mon casque, personne ne pouvait voir la harpie, le monstre qui se cachait en dessous alors que ma bécane filait à toute allure dans les rues. Faisant, il fallait l’avouer, un boucan d’enfer. Se calmer… Se calmer, j’avais de plus en plus de mal à garder un visage neutre, ma bague étant moins puissante ici. Et les émotions commençaient à se faire plus puissantes. La colère et la rage avaient toujours eu bonne place dans mon être, mais jamais au point de m’aveugler. J’avais besoin de solitude… C’est pour cette raison que j’avais choisis de me rendre au cimetière. Là bas… Les morts n’insultaient pas les vivants. Et surtout, là bas, Mme la maire n’était pas ! Je retirais mon casque pour le ranger dans une des sacoches de ma bécane, sortant d’une autre une bouteille de Whisky dont je dévissais le bouchon d’une main experte, portant le goulot à mes lèvres. Alcolo, je l’étais déjà, toxico, dieu merci je ne l’étais pas encore. Mon petit côté épicurien me soufflait de profiter de tous les petits plaisirs à ma portée. J’avalais quelques gorgées du liquide ambré qui me brûlais allégrement la gorge, parsemant de petits picotements le long de mon anatomie. Je me baladais dans les allées désertes, profitant du temps frai et de ma solitude, sortant de la poche intérieure de ma veste mon paquet de clope, j’en portais une à ma bouche, l’allumant avec un vieux paquet d’allumettes. J’évitais le briquet, c’était toujours des trucs qu’on achetait à la chaîne, et qui ne durait qu’une semaine. Je détestais dépendre de ces merdes. Elles avaient un pouvoir incroyables sur moi. Je laissais ces choses avoir une emprise, c’était comme si l’araignée se prenait dans sa propre toile. Tellement stupide, totalement burlesque. Mon regard brûla de rage.
« Ils semblent tous oublier qu’un jour, celle qui les faisait trembler dans le noir… C’était moi. »
Oui… beaucoup de gens étaient terrorisés par ma petite personne… Puis ils m’avaient enfermée, et ils ne m’avaient ensuite montré que du mépris. Et je haïssais tout autre être humain de tout mon corps, de toute mon âme. Je détestais le monde si fort… Je voulais les voir payer pour toute ma souffrance, je voulais les voir implorer. Je me posais sur un banc non loin, m’avachissant sans grâce. Me voir cantonnée au rôle de « croque mort qui aurait pu être prostituée » selon le bon vouloir d’une femme me révulsais. Je pris une nouvelle inspiration sur ma cigarette, une brume voluptueuse s’échappait de ma gorge. Des fois avec ces petits bâtonnets magiques, j’avais l’impression d’être un dragon. Mon regard se fit songeur, fixé sur le lointain. Il fallait que je retrouve ce maudit chaudron. Il fallait que je remette la main dessus, pour écraser tous ceux qui… Non… Non… Tous les écraser. Une mine glaciale s’afficha sur mon visage tandis qu’une froide détermination fit battre mon cœur sombre plus allégrement.
« C’est pas une bande de pécores qui me fera reculer… »
Oui, lorsqu’on passe des années seule dans une prison, puis des années… Seule dans un salon funéraire, on a tendance à parler toute seule. La solitude étant capable de faire migrer le cerveau de n’importe qui vers la folie. C’est alors que du coin de l’œil, j’aperçus une silhouette. Jetant le cadavre encore fumant de ma cigarette, j’enfilais encore quelques gorgées d’alcool, ragaillardie, avant de m’approcher d’un pas assuré vers la personne que je voyais du coin de l’œil. Je ressentais pas la peur, là où d’autres auraient sans doute pris leur jambes à leur cou afin d’éviter de jouer avec le feu, moi je me lavais avec
