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C'est encore pour notre pomme ! (Ft Nemo)

Victoria O'Donnel
Victoria O'Donnel
Piranha Cannibale
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Sam 28 Mai - 13:30

  • Nemo
  • Victoria
Et c'est encore pour notre pomme !



Une soirée comme une autre ? Absolument pas. C’était une nouvelle aventure pleine de saveur, pleine de nouveauté. Un peu moins pour moi, mais pour lui ça l’était. Le fond de l’air était assez frai, c’est pour cette raison que j’avais sortis ma fameuse veste en cuir noire, une robe dont le bustier était à motifs fleurs le jupon était bouffant et noir. Une petite robe bien sympathique et encore pas trop osée.  Je portais aussi des chaussures à talon noir. Mes cheveux blonds étaient relevés dans un chignon duquel s’échappait quelques mèches éparses. Nous nous étions donnés rendez-vous, ce cher capitaine et moi. J’attendais donc devant l’imposante bâtisse que le marin daigne sortir. Cela ne me dérangeait absolument pas, puisque j’avais pour compagnes la mer et les étoiles. Mon regard se perdit dans le ciel constellé de tâches de lumières, le soleil ne s’était pas encore tout à fait coucher, et le ciel arborait des teintes rosées à certains endroits. Un rire doux s’échappa de ma gorge. La mer et les étoiles… Mes principales compagnes durant les premières années de vie que j’avais eu. J’étais installée sur un banc, face à l’imposant bâtiment de l’homme que j’avais finalement décidé d’inviter dans mon monde. J’avais eu beaucoup de mal à me décider. Devais-je oui ou non l’inviter ? Devais-je franchir ce pas ? Avais-je le courage nécessaire ? Puis je m’étais rendue compte que toutes ces questions n’étaient pas moi. Je n’étais pas le genre de personne à se questionner sur chacun de mes actes. Je n’avais peur de rien. J’étais fille de l’océan, aussi sûre et capricieuse qu’elle, je ne faisais pas de chichis avec ce genre de chose. C’est pour cette raison que j’avais pris les choses en mains. J’étais allée directement au bateau, proposant une petite sortie à cet homme. Ces retrouvailles avaient été fortes en émotion, mais je voulais aussi montrer à Nemo que je n’étais pas la petite idiote qui parlais pour ne rien dire. Je voulais profiter, rattraper le temps perdu… Et j’étais prête à tout pour cela. Même une course contre la montre. Mais j’étais prête à courir après le temps encore longtemps encore. J’ignorais quel était le temps qui m’étais alloué sur ces terres. J’ignorais pour combien de temps on était prêt de me voir à Storybrooke, mais je tenais à rester debout le plus longtemps possible. Je sortis de ma poche un paquet d’allumettes qu’on m’avait offert à l’allée, une offre pour l’ouverture d’un nouveau magasin. Mais je ne me souvenais pas de quoi était ce magasin… Ah… étais-je bête… C’était une boutique de tabac, bien sûr, c’était marqué sur le paquet d’allumettes. J’en grattais une, faisant naître une flamme que j’observais naïvement, regardant le mélange de jaune, d’orange et de bleu. Le feu… Quelque chose que je n’avais jamais vraiment approché, une bête sauvage qui pouvait autant réchauffer que brûler. Apportant à la fois réconfort et douleur. Un peu dans le même genre qu’une petite sirène à tête de bois qui n’assume pas ses actes, et encore moins son passé. Je regardais la flamme grignoter petit à petit son perchoir, s’approchant doucement mais surement de mes doigts, je finis par souffler dessus, m’occupant avec ce que j’avais sous la main. Un bruit me fit relever la tête, la porte du bateau d’acier était en train de s’ouvrir. Tant mieux, si j’avais eu à attendre plus longtemps j’aurais sans doute pus fiche le feu au port avec ma guigne habituelle sans faire attention.


...
Capitaine Nemo
Capitaine Nemo
Moby-Dick
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Ven 10 Juin - 17:47






Et c'est encore pour notre pomme !




Dehors, c'est le néant, le chaos constant, peut-être pas aussi horrible que les conséquences d'une guerre néanmoins il reste semblable à une folie qui se propage à une vitesse plus que considérable. La populace sort depuis quelques temps ses plus mauvais côtés, se fiche de tout et de n'importe quoi, les membres les plus importants n'ont plus aucune autorité et surtout des clans se forment dans tout ce bordel ambiant qui amuse le capitaine plus qu'il ne lui fait peur. Rien ne va plus dans la tête de Nemo. A l’image de la ville plongée dans le chaos depuis que de mystérieux fruits font leurs apparitions partout. Et le cerveau de l’inventeur bouillonnait, se retournait dans tous les sens, et hurlait sans que le malheureux inventeur n’y puisse rien faire. Oh, il était habitué au monologue ininterrompu qui prenait place à chaque instant dans sa petite caboche. Disons qu’il était plus vivable quand le ton restait calme et cohérent. Or, depuis quelques temps, il semblait que ce soit le cafouillis total ; le fil de sa pensée s’emmêlait, se tendait, se déchirait presque, laissant Nemo forcé parfois de s’arrêter dans son travail pour remettre de l’ordre dans tout ce bazar. Mais les choses avaient changé dernièrement.

Du lever au coucher du soleil pour les quatre derniers jours, Nemo n'avait cessé d'agiter ses doigts et ses pensées silencieuses qui lui trottaient en tête. Ses doigts qui couraient sur la surface lisse et froide de l’objet qu’il contemplait alors qu’il était assis à côté du grand hublot. Une pomme, dorée, brillante et envoutante qu’il avait trouvé il y a quatre jours maintenant, posée sur la pile de plans de son atelier. Lorsque qu’il avait senti le poids de l’objet dans sa main son esprit ne s’était pas soudainement embrouillé, lui faisant perdre le fil de ses pensées. Oh non, au contraire son esprit s’était éclairci d’un seul coup. La cage de raison s’était même ouverte et ce qui se cachait derrière était enfin sorti. Et il avait désormais toutes les réponses et il savait désormais ce qui lui restait à faire. Il avait passé ses quatre jours dans une frénésie telle qu’il n’en avait rarement connu et qui aurait pu paraître étonnante si on n’avait pas été aussi coutumier de ses excentricités à bord du Nautilus. Faisant rouler l’objet entre ses doigts, il se perdait, quelques minutes, dans le silence de ses actions. Le silence de ses pensées, en apparence tranquille. Du moins, pour le moment. Son esprit semblait étrangement apaisé depuis qu'il avait été rattrapé par l’objet si précieux, comme s’il n'était plus seul dans ses idées hors de l'ordinaire. Comme si soudainement, il pouvait donner libre cours à sa délirante personnalité sans s’imposer de barrières.

Mais ce soir était une soirée particulière. Une soirée où il allait enfin faire ce qu’il aurait dû depuis le longtemps, depuis le tout début. Certains allaient payer, d’autres allaient regretter. C’est une immense surprise qu’il a préparé en attendant de rejoindre celle qui l’attend ce soir et qui l’a si aimablement invité à sortir. D’ailleurs il est grand temps qu’il sorte de sa cachette. Il en a même troqué son éternelle uniforme de marine bleu, optant pour un gilet de velours bleu nuit, brodé d’or par-dessus lequel il enfile un lourd manteau anthracite. Manteau dans lequel il a pris soin de glisser le précieux objet, sa présence indispensable au fond de sa poche. C’est ainsi qu’il quitte finalement le sous-marin blanc, empruntant la passerelle pour fouler de ses bottes noires et cirés les pavés du port. Jetant un œil aux alentours, il la repère cette petite silhouette gracile et élégante assisse sur son banc et la rejoint bien vite.

-Bonsoir.

Son attitude est un peu plus rigide qu’à la normale, son air un peu plus grave, mais sinon il ne laisse rien transparaitre de toutes les pensées qui l’agitent. Il esquisse même un mince sourire.

-Navré de t’avoir fait attendre.





Victoria O'Donnel
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Piranha Cannibale
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Dim 12 Juin - 22:14





C'est encore pour notre pomme !




Il s’approche doucement de moi, j’entends ses pas. Mais je n’ose relever les yeux. Mes petits pieds se balancent d’avant en arrière tandis que je fixe une toute nouvelle flamme. Une toute nouvelle étincelle de vie qui semble grignoter petit a petit ce bout de bois auquel elle s’accroche désespérément. Des fois j’avais l’impression d’être moi-même une flamme qui se servait de mon propre corps comme petit bâton de bois. La question était : quand aurais-je grignoté toute cette petite parcelle de bois ? Et, que se passera-t-il a ce moment-là. Sa voix claque dans la nuit fraiche et je lève finalement les yeux pour croiser son regard. Comme je l’avais décrit a Daemon, Nemo était un homme semblable au cœur de l’océan. Paisible et calme, mais il ne faut pas embêter l’eau qui dort, sous peine d’essuyer une tempête. Je mets la flamme à hauteur de ma bouche, soufflant doucement sur la flamme. Il était sur son trente et un. Cette vision m’arracha un doux sourire qui ne me quitta pas une seule seconde, alors qu’un chamboulement d’émotion venait prendre possession de mes douces prunelles.

« Bonsoir Capitaine, ravie de te voir. »

Je balayais d’un geste de la main les excuses de ce cher marin, un sourire doux sur le visage. Attendre, c’était rien. J’avais attendue bien assez pour ne pas m’offusquer de quelques minutes de sa part de retard. Je me lève, passant les mains sur mon jupon bouffant pour retirer quelques poussières imaginaires.

« Ce n’est rien voyons, c’est toujours les meilleurs qui se font attendre, n’est-ce pas ? »

J’attrapais timidement son bras, c’était bien beau de discuter avec Daemon… Mais j’avouais être assez désemparée. Une fois mis face a mes émotions et mes sentiments, je ne pouvais pas faire comme s’ils n’existaient pas, et je ne pouvais pas non plus débarquer avec mes gros sabots hein… Je choisis la solution de facilité. Agir comme d’habitude.

« Alors, tu es prêt ? Je vais te faire découvrir mon univers. J’ai prévus tout un petit programme tu sais… Je me suis bien appliquée, j’espère que ça te plaira. »

Je l’entrainais à ma suite, tirant doucement sur son bras. J’avais hâte de tout lui montrer. J’appréhendais en même temps. L’être humain pouvait être incroyablement contradictoire, et ne parlons même pas de la sirène ! Et j’avais l’impression de parler pour ne rien dire en fait. Comme ces quelques mots qui traversèrent le barrage de mes lèvres sans que je parvienne a les gober.

« Tu es très beau ce soir... »

Je me mordillais la joue. Quand je disais que j’avais la délicatesse d’un Monster truck, je ne bluffais pas. Nous passions devant la devanture d’un vendeur d’électronique, et j’en profitais pour noyer le poisson dans une technique qui n’avait de la subtilité que le nom.

« Tiens ! Regardes ça, je pense que tu n’en as pas vu énormément au cours de tes voyages. C’est une télévision. Elle raconte des histoires avec des images en mouvements. Tu en penses quoi ? C’est sympa non ? »



Capitaine Nemo
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Dim 19 Juin - 22:13






Et c'est encore pour notre pomme !




Si le fruit de la discorde avait eu un effet sur son humeur comme ses idées, le changement n’était pas évident de prime abord. Rien d’étonnant donc à ce que même son amie la plus chère ne remarque pas tout de suite la différence alors qu’il se poste devant elle, observant un instant cette flamme danser entre ses mains. Cette flamme qui brulait comme la haine et la colère de Nemo maintenant que la raison s’était envolée, éclairant son esprit d’un jour tout nouveau. Une fois la flamme soufflée, il avait à nouveau posé les yeux sur elle, électrisants, entre ses propres réflexions, influencés par la machine mentale qui s'était mise en branle à l'intérieur de son crâne. Comme une pile électrique. Il n'avait pas vraiment souri. Il n’avait rien vraiment laissé transparaitre non plus. C’était sa façon d’être naturel. Ou presque. Il ne dévoilait jamais exactement ce qui se passait derrière ses sourires. Il demeurait en cet instant ce qu'il était, incompris, par moment, indomptable, mais un peu plus sincère peut-être. Surtout avec elle. Sans se voiler la face, plus maintenant qu’il avait mis les doigts sur cet objet de désir.

-Bonsoir Capitaine, ravie de te voir.

Une politesse qui en avait entrainé une autre, mécanique, comme les rouages d’une petite machinerie bien huilé. A l’image de la vie et de ses absurdités. Oui, la vie était telle une immense machine absurde aux dimensions cyclopéennes, avec ses rouages, ses mécanismes, son fonctionnement et, surtout, ses incohérences. La vie en cet instant, c'est cette espèce de force métaphysique qui les entraîne et les charrie comme de vulgaires débris pris dans le tumulte du courant d'une rivière boueuse. Et lui dans tout ça, il était cette espèce de tempête au loin qui gronde, à la colère sous-jacente, dont on sait qu'elle approche de plus en plus et qui sera apocalyptique, que l'on fuit sans cesse mais à laquelle, pourtant, il nous est impossible d'échapper, inexorablement. Et aujourd’hui il n’a plus l’intention d’y échapper et encore moins de les laisser y échapper… C'est cette espèce de tourbillon incessant, cette force qui nous porte sur les chemins du temps depuis la création du monde. Certains appellent ça Dieu, d'autres le Hasard ou bien encore tout simplement le Destin ou la Fatalité. Toujours est-il que, malgré tous les efforts et moyens déployés, personne ne pourra réchapper à l’esprit furieux que ce fruit défendu a fini par libérer. De ce fait, il est là et en même temps pas vraiment le capitaine, son esprit accaparé par une déferlante de pensées vertigineuses plutôt que par celle qui s’accroche doucement à son bras tandis que son autre main se referme sur le contact froid et oh combien exaltant de la pomme qu’il dissimule en sa poche droite.

-Alors, tu es prêt ? Je vais te faire découvrir mon univers. J’ai prévus tout un petit programme tu sais… Je me suis bien appliquée, j’espère que ça te plaira.

-Je n’ai jamais été aussi prêt tu peux me croire… Il est grand temps.

Sur cette affirmation autant sibylline que révélatrice de ce qui se tramait, le capitaine se laissa entrainer dans les rues, indifférent au trouble qui avait fondu sur la sirène, trop songeur, trop ailleurs pour entendre le compliment qu’elle lui faisait. Il n'y avait qu'une vague pour le submerger et l'étouffer. Pour l'étouffer dans ses propres pensées qui, étrangement, se montraient encore bien silencieuses. Jusqu'à ce qu'il semble émerger de ce néant sombre de confusion mentale quand Mélusine le ramena à terre pour lui montrer l’intérieur d’une étrange vitrine.

-En effet je ne crois pas en avoir déjà croisé.

Il quitta l’objet plat et rectangulaire qui n’affichait qu’une surface noire des yeux pour les reporter sur son amie.

-Je t’avoue que j’hésite encore si je dois juste trouver ça ridicule ou simplement décevant…

Une télévision. En d’autre circonstance il aurait certainement éprouvé une certaine curiosité envers l’objet de technologie, voir même une certaine fascination. Mais la curiosité s’était effacée derrière la suffisance et l’irritation. L’irritation de voir que malgré tous les moyens à disposition dans ce monde, personne ne semblait en appréhender les réels potentiels ou capable d’en exploiter le génie comme lui aurait pu le faire. Il pencha la tête vers elle, curieux de lui poser une question qui de son avis ne pouvait attendre et qui allait déterminer sans aucun doute le reste de leur soirée.

-Dis-moi franchement… ce monde est-il vraiment aussi merveilleux que tu essayes de me le faire croire ?

Sa voix était égale à celle qu’il utilisait tous les jours, ni plus froide, ni plus rageuse, et c’était sans doute ce qui devait être le plus déstabilisant.





Victoria O'Donnel
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Piranha Cannibale
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Lun 20 Juin - 14:01





C'est encore pour notre pomme !



En réalité, au bras de cet homme, tout me semblait infiniment plus beau, plus coloré. Le monde naguère de noir et de blanc se bardait de couleurs. J'effleurais du bout des doigts sa peau, un étrange sourire fiché aux lèvres. Moi qui observais avec rage et colère, j'apprenais à voir à nouveau. Et l'espoir comprimait mon cœur. L'espérance folle que tout ceci ne s'arrêterait jamais. Je retrouvais cette âme d'enfant que j'avais délaissé derrière moi. Levant doucement les yeux, j'observais l'étoffe sombre qui nous servait de ciel, le tout était piqueté d'étoiles, c'était comme si un million de diamants brillait au-dessus de nos têtes. Une musique douce flottait doucement dans ma tête. En réalité, après mon aventure avec Barbe-Bleue, j'étais un oiseau, un délicat oiseau à qui on avait arraché les ailes. On avait commencé par déplumer ces dernières, retirer 'émerveillement, la curiosité puis on avait arraché le reste, ne laissant que des moignons sanglants et une âme à vif. L'espérance et la proximité d'un ami permettaient à ces dernières de s'élever à nouveau.

-Je n’ai jamais été aussi prêt tu peux me croire… Il est grand temps.

Son ton était bizarre, étrange. Mais je n'y fis pas plus attention que cela. En réalité... C'était sans doute le trac ou la soif de découverte qui le faisait parler ainsi. Ou alors c'était encore ma cervelle qui interprétait mal les choses. C'était tout aussi possible.

« Bien... Tant mieux. »


Le premier truc que je lui montrais fut une télévision. Sa réponse sembla claquer dans l'air comme un fouet, je relevais la tête pour croiser son regard. Les télévisions étaient éteintes. Nemo ne devait sans doute pas voir l'utilité d'une telle machine. Ce qui expliquait sans doute cela n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? La panique se calma d'un coup, je suivais son regard pour observer la vitrine. Oui. Difficile de se faire une idée précise.

-Dis-moi franchement… Ce monde est-il vraiment aussi merveilleux que tu essayes de me le faire croire ?


Un mince sourire amer s'étala un instant sur mon visage. Je secouais doucement la tête me remettant les idées en place. Avant d'étendre le cou pour parvenir à capter son attention. En réalité, je le trouvais bien plus dans sa petite bulle qu'à l'accoutumé.

« Comment se prononcer alors que tu viens juste de faire 3 pas dans ce monde mon cher ami ? Vois ça comme une nouvelle aventure. Ce monde-ci est bien moins féerique que ce à quoi tu as été habitué, peut-on vraiment le qualifier de merveilleux ? Sans doute pas, mais je ne te l'ai jamais vendu de la sorte. Je suis sincèrement désolée si tu es déçu, mais dis toi qu'au pire, tu auras passé la soirée en compagnie d'une amie. Tu n'as pas tout perdu.»

Un petit rire secouait alors ma carcasse. Moi refroidie ? Jamais. Si le reste du monde pensait que j'allais baisser les bras, il était loin du compte. Je finis par enchaîner d'une voix plus douce.

« C'est sûr que ces petits gadgets n'ont pas la même valeur ni le même potentiel que ce que tu as toi-même créer dans un univers bien plus dépourvus. Mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit de nouvelles choses à découvrir. Et qui sait... Peut être que ce monde n'attendait que toi pour être révolutionné. »

Mon regard brillait d'amusement, alors que je secouais doucement la tête.

« Laisse-moi te montrer autre chose Nemo. »


Je sortis mon portable de ma poche, activant l'appareil photo, avant d'improviser un petit selfie. Mon dieu que je détestais cette mode de se prendre en photo partout. Mais peut-être qu'au moins cela, serait en mesure de dérider un peu mon vieil ami ? Je lui montrais ainsi notre petite photo en lui tendant l'appareil qui tenait au creux de ma main.

« Ça, c'est un téléphone, comme tu peux le voir, on peut prendre ce qu'on appelle des photos, il y a aussi des vidéos, qui sont un peu comme des photos, mais avec des personnages pouvant bouger. Ce truc sert aussi à parler à des personnes qui se trouvent loin de nous. »


Je remis en place une mèche de cheveux de la main, effleurant par inadvertance la marche toute fraiche. Ne m'y attardant pas, ma main se reposa le long de mon flanc. J'étais un peu embêtée, puisque Nemo semblait être dans un mauvais jour. Il s'était sans doute levé du pied gauche ? Enfin, je le comprenais. Il y a certains jours, quand mon petit rituel du matin n'est pas respecté, j'avais tendance à être d'une humeur de chien toute la journée. Alors dans ce cas, je devais tout faire pour qu'il passe une bonne soirée.

« Je me permets de te demander s'il y a quelque chose que tu aimerais faire. Qui sait ? Tu sais, je suis capable de m'adapter. »



Capitaine Nemo
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Mer 13 Juil - 15:21






Et c'est encore pour notre pomme !




Il avait détourné le regard ennuyé qu’il posait sur les objets de la vitrine, levant les yeux vers le spectacle de la voûte étoilée qui les surplombait, faisant fi de la température glaciale que ses paroles avaient sans doute provoqués. Oui tout ceci paraissait bien insignifiant quand comme lui on prenait la peine de prendre conscience de l'immensité de l'univers au sein duquel on existait. Les étoiles qui fixaient son regard sur lui se situaient à une distance à côté de laquelle ce monde aurait à peine eût la taille d'un grain de poussière, au point que leur lumière continuerait de briller jusqu'aux confins de l'univers bien après qu'elles se soient éteintes ... Lui il avait vu ce que nul autre homme du royaume n’avait pu contempler. Il avait exploré un monde qui n’était pas le sien grâce à ses seules idées. Alors quels intérêts pouvaient présenter une boite qui ne servait qu’à capturer des images et raconter des histoires à côtés ? Strictement aucun.

Aurait-il mieux valu qu’il mente sur son ressenti ? Quand bien même un fruit doré ne se serait pas chargé de faire ressortir ses mauvais côtés, comme ses mauvaises humeurs, il n’avait jamais menti.  Pas avec elle… il ne se cachait pas derrière ce genre d’image face à la jeune femme. Il n'en avait pas le courage de se mentir, pas devant elle. Et si il était vrai qu’elle n’avait jamais vendu ce monde comme merveilleux, le capitaine avait lu entre les lignes qu’il semblait au moins en valoir un peu la peine. Chose qu’il n’arrivait clairement pas à voir ce soir, ni ces derniers jours, ne donnant qu’un silence retentissant pour toute réponse au rire de la sirène qui se pressa d’enchaîner.

-C'est sûr que ces petits gadgets n'ont pas la même valeur ni le même potentiel que ce que tu as toi-même créer dans un univers bien plus dépourvus. Mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit de nouvelles choses à découvrir. Et qui sait... Peut-être que ce monde n'attendait que toi pour être révolutionné.

Révolutionner le monde… C’était sa nature même, le rêve de sa vie ça, bouleverser le monde, le sortir de son ronron apathique, le secouer un peu, lui montrer à quel point l’univers est sans limites et plein de possibilités. Nemo l’optimiste, Nemo l’idéaliste, Nemo l’impossible gamin éternellement insatisfait de voir à quel point les autres sont aveugles sans comprendre que l’exception, c’est lui. C’était ça, Nemo. Un gamin qui ne comprenait pas qu’on puisse voir le monde différemment. Plus petit. Moins intéressant. On lui en avait alors fait avalé une autre de force. Plus sombre et plus dangereux. Mais ce n'était qu'une image. Qu'une vulgaire image pour protéger une nature un peu différente. Une image qui le représentait tant et si bien qu'il s'était certes dénaturé, qu'il avait, peut-être, oublié ce qu'il avait été au départ de toute cette histoire: une victime ne cherchant que justice. Mais il semblait avoir oublié les fondements de ses actions, de ses paroles, de ses idéaux, s’entachant des reflets sombres de ses bourreaux. Ou peut-être que ses idéaux une fois la pomme en main s'étaient mutés en quelques idées plus violentes et expressives. Une intention avait germé. Et ça, nul ne pourrait y échapper. Il avait réalisé que tout ce qu'on avait attendu de lui au cours des siècles, ce n'était pas pour sa personne... Ce n'était que pour son cerveau délirant. Ce cerveau qui devait révolutionner le monde. Alors soit. Il leur ferait voir ce que son cerveau pouvait faire. Mélusine avait alors sorti un étrange objet de sa poche, sous l’œil attentif de Nemo qui avait observé son petit manège autant que l’engin qu’elle lui tendait. Il avait saisi l’objet, l’examinant sous tous les angles, curieux quand même, passant son doigt sur la surface de l’écran, observant l’image, tandis qu’elle lui expliquait toutes les prouesses qu’il était censé accomplir. Au moins il devait reconnaitre que cette invention-là avait plus d’intérêt et de potentiel que celles enfermés dans la vitrine du magasin.

-Hmm… c’est déjà plus intéressant.

Il avait encore tourné une ou deux fois l’objet entre ses doigts avant de croiser le regard de Mélusine qui réajustait une mèche de cheveux rebelle, attirant ainsi le regard du capitaine sur la marque effilé et encore rouge dans son cou. Cette marque dont il brulait de découvrir celui qui en était à l’origine depuis qu’il l’avait remarqué bien avant que la folie ou plutôt cette lucidité ne le prenne et qui le confortait dans toutes ses pensées vengeresses et désastreuses que la pomme d’or avait éveillé. Cette marque il n’arrivait finalement pas à la lâcher des yeux et il dû faire un effort certain pour lever le regard vers le visage encore joyeux de Mélusine.

-Je me permets de te demander s'il y a quelque chose que tu aimerais faire. Qui sait ? Tu sais, je suis capable de m'adapter.

-Je sais… Mais je croyais que tu avais déjà tout un programme non ? … Enfin, montre-moi les endroits que tu préfères le plus si tu veux.

Habituellement ses traits se seraient mués en quelque chose de beaucoup plus doux face à la sirène, mais cette fois seul un mince sourire discret parvint à décrisper le coin de ses lèvres. Il fit quelques pas, s’éloignant de la vitrine d’électronique après avoir rendu son téléphone à son amie. Sa main plongeant dans sa poche pour sentir à nouveau le contact si unique de la pomme de discorde qui rendait ses pensées plus vibrantes que jamais.

-Après tout dès demain je compte bien engloutir cette ville et partir … alors autant que nous en profitions une dernière fois tous les deux.

Il était difficile de lire dans le regard du capitaine à cet instant. Etait-ce de la folie ou simplement une trop haute intelligence ? Difficile à dire, car l'intelligence et la folie se frôlaient toujours dangereusement. Et Nemo en était le parfait exemple.





Victoria O'Donnel
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Piranha Cannibale
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Lun 18 Juil - 18:14





C'est encore pour notre pomme !




C'est alors qu'il prononça quelques mots, quelques mots qui éveillèrent en moi des tas de choses. Pourtant.. Ce n'était rien, rien du tout, et pourtant...


-Hmm… c’est déjà plus intéressant.

Un sourire d’une incroyable douceur vint alors fendre mon visage. Un immense sourire plein de joie, de plaisir. Cela faisait tellement longtemps qu’il ne s’était pas manifesté celui-là, mon regard lilas brillant de multiples étoiles imaginaires. Si une chose avait attiré son attention, c’était ce qui comptait. Que ce grand mystère chasse cet air si sombre de son visage. Cet air morne d’être sans sentiments ni attaches. J’avais bien vu que quelque chose clochait. Je l’avais vu… Mais je détournais le regard, me clamant que ce n’était qu’une hallucination. Une stupide hallucination qui ne me faisait pas voir ce qu’il fallait. Tout était normal n’est-ce pas ? Du moins était-ce ce dont je tentais de me convaincre. Je ne pus m’empêcher de voir son regard posté sur quelque chose dans mon cou, et pas besoin d’avoir inventé l’eau tiède pour comprendre ce qu’il regardait. M’humectant les lèvres, je lui offris un sourire bien plus piteux que précédemment.

« Ce n’est rien… Ce n’est rien. »

Ce murmure passa le barrage de mes lèvres sans que je puisse le récupérer. Je secouais la tête, refusant de me souvenir de ce fameux jour où j’avais écopé de cette nouvelle trace. Ce jour où j’avais finis tellement troublée qu’il ait fallu trois longues heures de pleurs accompagné d’un bon pot de crème glacé pour oublier à quel point j’avais été trainée dans la boue. Il me tendit une perche pour « la suite » et bien trop heureuse de pouvoir changer de sujet, j’enchaînais, ayant retrouvé un semblant d’entrain, comme d’habitude, n’est-ce pas ?

« D’accord, aller suis-moi, j’ai un autre endroit à te montrer, celui-là est assez peu connu et fréquenter, et surtout… Il est paisible... Tu… Attends… Quoi ?  »

Je dus froncer les sourcils, rembobinant le tout dans ma tête pour le repasser au ralenti. Je n’avais pas tiqué sur le moment, mais j’avais encore halluciné ou pas ? Non… Si j’avais halluciné, j’aurais sans doute entendu à quel point Nemo m’aimait, ouais parce que ça, ça avait tout du délire. L’entendre utiliser les termes « engloutir » « ville » et « dernière fois », le tout dans la même phrase, ça avait de quoi déstabiliser. Et c’était un grand coup porté à ma petite personne. Je cherchais du bout des doigts quelque chose à me rattraper avant de perdre l’équilibre, m’agrippant à sa veste pour ne pas dégringoler, lui lançant un regard affolé. C’était une blague ? Aucun sourire à l’horizon pour me rassurer, rien. Les humains… Les éternels destructeurs. Si beaux et pourtant… Pourtant, tellement effrayants, tellement effroyables. Mon visage venait sans doute de devenir exsangue. Je fermais les yeux, me souvenant d’une promesse que je lui avais faite il n’y a pas si longtemps de cela. Celle d’être son « garde-fou ». Cette conscience agaçante sur son épaule. Je me drapais du peu de courage que j’avais au fond de moi pour me dresser contre l’homme que j’aimais en secret, pour me dresser telle une tempête face à un navire froid et stoïque. Je dus toussoter deux ou trois fois pour retrouver l’usage de ma gorge, pour finir par lui parler. J’étais extrêmement calme, dans une situation où naguère j’aurais sans doute paniqué, où je serais montée dans les aigües. Ma voix était d’une douceur à toute épreuve, tandis que mes doigts se posèrent avec délicatesse sur ses joues, priant pour que la fraicheur de ma peau fasse tomber la fièvre folle qui semblait s’être emparé des idées de cet inventeur de génie. S’il parlait d’engloutir une ville… Craignez-le, parce que je savais qu’il avait les moyens de le faire. Même avec une tondeuse à gazon, un fil de fer et une allumette, il aurait carrément pu le faire. Nemo… C’était un Mac Gyver à sa manière.

« Nemo, tu ne peux pas engloutir cet endroit voyons. Pour quoi faire ?! Tu as pensé aux gens qui y vivent ? Quand bien même tu n’y penserais pas… Tu as pensé à toi ? »
Oui… j’avais vu comment il semblait honteux de ce qu’il avait jadis fait, je ne voulais pas le voir raser les murs et fuir les miroirs pour éviter de croiser le regard d’un homme qui avait moultes meurtres sur la conscience. Je voulais le voir fier, la tête haute, mais si possible, sans ville transformée en feu de joie géant, sans faire de Storybrooke un enfer sur terre. Je plongeais mon regard dans le sien, sans peur.

« S’il te plait… Explique-moi, prenons le temps d’en parler d’accord ? Mais… mais pas ici, viens. »

J’attrapais son bras, l’attirant près de moi pour m’éloigner de quelques pâtés de maisons et finalement bifurquer dans une petite ruelle, ruelle qui, après être passé sous une arche, menait vers une petite cours. Le lierre avait envahi depuis longtemps les quatre murs, offrant à cet endroit un brin d’humidité et de fraicheur. Une table ainsi que deux chaises en fer forgés étaient collés à l’un des murs. Des fleurs métalliques semblaient pousser sur les dossiers des chaises. Cet endroit était camouflé et n’était découvert que par ceux qui n’avaient pas peur de flâner, de découvrir. C’était un de ceux lieux que très peu de gens connaissent. La dite cour pavée était un lieu publique, quiconque pouvait y prendre place pour bouquiner au frai par exemple, moi-même je m’y rendais régulièrement et n’y avait jamais vu personne. Je lâchais finalement son bras, m’installant sur une des chaises.

« Cet endroit, c'est mon petit sanctuaire caché dans la jungle de béton. J'avais prévu de t'y emmener à la fin de notre escapade. Alors, explique moi tout en détail s'il te plait. »


Capitaine Nemo
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Lun 1 Aoû - 23:38






Et c'est encore pour notre pomme !




Il imaginait le bruit d'un verre cassé, en l'observant de plus près, avec un regard nouveau, comme ce sourire qui différait un peu de celui qu'elle lui accordait habituellement, alors qu’elle avait perçu son regard sur la marque rouge. Oui, il y avait quelque chose de défait derrière son sourire, comme quelques espoirs que l'on aurait balancé à bout de bras d'un soixante-dixième étage, quelques espoirs qu'on aurait écrasés avec un camion benne, sur lesquels on avait craché pour mieux les jeter ensuite dans la torpeur de l'inutilité. C'était un petit quelque chose d'indéfinissable qui s'était brisé en elle, il l’avait ressenti dans ce murmure qu’elle voulait sans doute rassurant. Mais lui il ne voyait qu’une chose. Lui,  il se souvenait alors de l'horreur et du calvaire, le sien à lui, et il ne pouvait admettre que ce n’était rien. Pas une violence telle. Pas une indifférence comme on lui en avait sans doute fait preuve. Il n'oublierait pas son regard troublée. Il n'oublierait pas la douleur qu’elle dégageait. Et il ne pardonnerait pas. Nemo ne pardonnait jamais. Il ne s'offensait guère non plus, mais lorsque ça se produisait, c'était une guerre sanglante de pensées qui se déclarait silencieusement. Et nul ne pouvait en sortir tout à fait indemne. Ni lui, ni l'ennemi… Il l’avait déjà montré par le passé. La pomme d’or avait allumé un brasier destructeur, un brasier qui s’alimentait à chaque instant, à chaque pas qu’il faisait dans la ville, à chaque visage qu’il croisait. Et si il était d’accord pour la laisser l’emmener dans chaque recoin de béton, il n’avait en réalité qu’une priorité personnelle et privée dont lui seul était le maître : la vengeance. La vengeance terrible qui se tramait et qui grandissait dans son esprit tordu. Un esprit tordu par un surplus d‘informations, par un surplus d’orgueil qui se réveillait au contact du fruit de la discorde. Car ce même esprit devenait doucement une bombe nucléaire sur le point d’exploser face au reflet d’or. Une bombe que rien ne semblait pouvoir arrêter. Un massacre de pensées, d’idées, de projets, d’idéologie, de croyances, d’intérêts et d’obsessions.

Il arrivait, parfois, que les mots ne parviennent pas à s'échapper de ses pensées. Il arrivait, parfois, qu'il se contente d'un regard perçant, curieux, ou d'un simple sourire. Il y avait de ces idées qu'il partageait, comme la pointe d'un iceberg dont on ne faisait que deviner les profondeurs absolues. On ne comprenait pas forcément ses résolutions. On croyait, parfois, qu'un excès d'intelligence le faisait frôler la folie. Et peut-être était-ce ça, le problème. Il ne pouvait se contenter de quelque chose de trop petit, de trop faible. Sa tête explosait d'idées, parfois saugrenues, mais généralement délirantes. Il aboutissait à quelque chose d'inattendu. Il aboutissait aux profondeurs qu'on ignorait jusqu'à ce qu'il y parvienne. L'Homme avait pendant longtemps semblé oublier ce qu'il était, avant toute chose: un cerveau plus qu'un être vivant. Il n'était qu'une enveloppe charnelle ne servant vraiment qu'à protéger toute la folie d'une seule pensée déchirante. Mais l’objet au fond de sa poche avait su tout lui rappeler. On croyait à une erreur de sa part. On croyait qu'il se perdait lui-même. On le croyait capable de commettre un faux pas. On le croyait le reflet de tout le monde, finalement. C'était une image qu'il avait de la société humaine que celle de faire des erreurs. On oubliait, parfois, qu'il n'était pas exactement comme tout le monde et que ses réflexions allaient à contre-courant. À vrai dire, qui pouvait vraiment se vanter de comprendre le sens de ses pensées sinon lui-même ? Il y avait de la folie dans ses pensées. Il y avait de la folie dans ses actions. On croyait le saisir. On croyait percevoir les détails de ses pensées, de ses idées, alors qu'on était aussi loin que la distance terre-soleil de la vérité. L'homme comme le génie était un être d'une complexité sans fin. Lui avait parfois l'impression de dépasser toutes les limites et toutes les fins que l'imagination permettait. Il frôlait l'inimaginable, tout en restant aussi loin que possible de la crise de personnalité, jusqu’à ce jour du moins. Ce qu'il était, réellement, il semblait l'avoir enfouis si loin que très peu pouvait sans doute se vanter de l’avoir déjà aperçu.

-Nemo, tu ne peux pas engloutir cet endroit voyons. Pour quoi faire ?! Tu as pensé aux gens qui y vivent ? Quand bien même tu n’y penserais pas… Tu as pensé à toi ?

Il l’avait suivi, son bras revenu se glisser sous celui de Mélusine, silencieux, avant qu’elle ne s’arrête brusquement réagissant, s’exclamant, s’agrippant même à  lui. Il avait alors relevé un regard vif sur elle, un regard étonnamment électrifiant. Un regard pensant, aux décharges d’idées impressionnantes. Un regard qui mettait mal à l’aise et qui était inconfortable sans doute. Il l’avait vu se décomposer sous ses yeux sans vraiment réagir, attendant simplement silencieux, la tempête ne grondant qu’à l’intérieur de ses pensées pour le moment du moins jusqu’à ces mots qu’elle venait de prononcer et qui eurent un effet instantané.

-Si j’ai pensé aux gens ?! Si moi j’ai pensé ! Qu’est-ce que tu crois Mélusine ? Je pense en permanence, je réfléchis à pleins de choses en permanence et c’est comme ça tout le temps !

En dévoilant finalement son idée à son amie la plus précieuse, il ne s'était pas arrêté à se demander comment elle réagirait, ou comment réagiraient les gens. Il s'était contenté de laisser s'exprimer son esprit colérique. Il s'était contenté de prévenir quelque chose. Et s'ils ne comprenaient pas, c'était tant pis pour eux. Parce qu'il ne faisait pas ce genre de chose simplement pour rire ou s'amuser. En fait, il ne faisait pas ce genre de chose. Mais il y avait eu un déclic dans son esprit en posant ses doigts sur l’objet doré... Que pour faire bouger les choses, il fallait faire des grands actes théâtraux. Il avait rivé son regard au sien, la tempête désormais bien visible au fond de ses prunelle. Une tempête qui ne la visait pas elle, non, pas plus que la teneur furieuse et sombre dans sa voix ne lui était destiné. Non tout ceci était tourné contre le reste du monde et il ne pouvait certainement pas s’arrêter maintenant, optant plutôt pour marcher droit sur sa ligne directrice. Parce qu’il avait aujourd’hui l'impression d'avoir baissé les bras ces dernières années, d'avoir abandonné tout ce pour quoi il s'était battu jusqu'à maintenant. Tant pis pour les regrets. Il le fallait. Il le fallait pour détruire les fantômes des hommes qui hantaient ses pensées. Il le fallait comme pour fracasser l'image pathétique qu'il avait de lui-même pour reprendre celle du capitaine vengeur. Il le fallait pour se relever et ne pas sombrer.

Il se fichait pas mal d’être à la vue des autres passants, à vrai dire il aurait sans doute enchainé directement si la sirène ne l’avait pas entrainé dans son sillage sans attendre, les amenant dans un coin beaucoup plus clos, presque dissimulé, comme si elle avait pressenti le déchainement de ses pensées aussi furieuses qu’un ouragan en pleine mer. Il l’avait regardé s’asseoir, préférant lui rester, debout, faisant les cent pas sur le sol de la cour face à elle, dans l’impossibilité de se tenir simplement immobile. Il n’avait d’ailleurs porté qu’une très vague attention à l’endroit où elle l’avait conduit.

-Cet endroit, c'est mon petit sanctuaire caché dans la jungle de béton. J'avais prévu de t'y emmener à la fin de notre escapade. Alors, explique moi tout en détail s'il te plait.

-T’expliquer quoi ? Pourquoi ? Tu veux savoir pourquoi ?! … Parce que cet endroit n’est qu’une farce, cet endroit nous retient tous ! Cette ville est une prison Mélusine. Et je suis sûr que chacun ici attends au fond que quelqu’un d’autre règle leur problème à leur place ou attend qu’une idée brillante viennent les sauver et les laissent l’exploiter jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, jusqu’à tout détruire à nouveau. Je te l’ai dit je ne suis pas fait pour la terre ferme ! ...

Se stoppant le temps d’un souffle, il reprit finalement d’une voix parfaitement calme.

-Et puis ce n’est pas toi qui m’as dit que tu voulais défier l’ordre naturel avec moi ? Comme autrefois ?!

Repartir loin, avec Mélusine c’était une pensée qui avait tourné et retourné dans sa tête dans tout le chaos qu’avait déclenché la pomme de discorde. Et il en était rapidement arrivé à une unique conclusion. Alors que la haine brulant en lui se réveillait toujours plus, il avait dû rapidement admettre à son plus grand damne qu’il n’avait que très peu d’issues possibles pour quitter cette ville. Et quand il n'y avait pas de sortie… l'animal se battait. Il se battait jusqu'à la mort. Il grondait avec violence. Il mordait de toutes ses maigres forces. Nemo avait toujours défendu des idées de justice qu'on ne voulait pas écouter. Si bien qu’aujourd’hui, il était une Vendetta vivante et soufflant encore. Peut-être agissait-il en véritable égoïste, mais il n'était pas individualiste. Mais maintenant que l'animal blessé était complètement acculé au pied du mur par ses pensées, il cherchait une faille en réagissant à contre-courant, parce que c'était la seule option qu'on lui laissait… se battre contre le reste du monde. Il avait bien conscience de n'avoir que peu de chance, et pourtant, il s'obstinait à faire comme s'il y avait bien une porte de sortie qu'il ne voyait pas encore. Ainsi, même si ce qu'il prévoyait semblait davantage s'attaquer à toute une population, il y avait un but précis dans sa manœuvre.

-Quant aux gens … j’ai bien vu que ce monde n’était en rien différent, que la société reste toujours la même … la même que celle qui nous rejette depuis des siècles. Quand je pense à tous ses sacrifices ! A tous ses amis perdus … Tout ça pour rien. Presque aucun ici n’en vaut la peine ! Et ne va pas essayer de me convaincre du contraire, j’ai bien vu tout ce qu’ils t'ont fait… ce qu’ils continuent de faire !

Il s’était finalement rapprocher d’elle se replongeant finalement dans son regard d’améthyste, dégageant à nouveau d’une main la mèche de cheveux rebelle avant d’à peine effleurer la cicatrice qui était venu depuis peu se rajouter à celles que la sirène lui avaient fait découverte à leurs retrouvailles, son doigt à quelques centimètres à peine de la marque.

-Tu es peut-être capable de leur pardonner ça au point de prendre leur défense, mais je ne suis de toute évidence pas aussi bon que toi.

Elle ne s'en rendait pas compte, mais elle était sans doute l'une des premières sources au combat qu'il menait à cet instant. Elle avait cette importance, dans ses pensées, qu'il aurait réellement tué, et il comptait en fait bien le faire, ne serait-ce que pour protéger tout ce qu'elle représentait, pour lui. Et il s'était promis, il n’y a pas si longtemps, qu'il ne laisserait plus rien lui arriver. Ni à elle, ni à ceux qui comme elle avait déjà trop soufferts de leur différence, mais elle plus que tout autre. Et il acceptait simplement de se jeter sous les projecteurs, pour elle, pour tous ceux qui comme elle, souffrait de l'homme qui espérait les rendre ''normaux''.





Victoria O'Donnel
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Mar 2 Aoû - 21:27





C'est encore pour notre pomme !




Ainsi les rêves se muaient en cauchemars avec une infinie facilité, ils se pavaient de brume, la lumière devenait obscurité, et tout disparaissait. Le rêve… Existait-il réellement ? Etait-ce la même chimère que le bonheur derrière lequel je courrais ? Trop de froideur dans ce discours… Trop de tension… Cette situation me désespérait autant qu’elle m’arrachait un pincement au cœur. J’étais comme écartelée entre fantasme de ma soirée rêvée et réalité… Oui… la réalité était triste, elle faisait mal au cœur. La réalité était une garce. La réalité, elle se plaçait toujours sur ma route pour bouffer mon semblant de bonheur. Il semblait que j’avais volé trop près de l’imagination, et que ma réalité se résumait à une succession de moments gênants et douloureux, avec trop peu de bons moments, j’étais l’enfant pourchassée par cette garce de destinée, qui souffrait le martyr à chaque nouveau pas. Je commençais à le comprendre. Je commençais à tilter que le sort s’acharnait sans cesse sur moi, tel une pluie d’éclair qui ne se calmait jamais totalement, bien qu’il y ait des accalmies, le ciel se bardait de nuages aussi rapidement que si j’avais cligné des yeux. Je le regardais, mon affection ne pouvant être absente de mon regard alors que je le regardais de toute sa hauteur. Cet homme… J’aurais été prête à tout faire pour lui, et je le savais, je savais que je pourrais le suivre jusqu’au bout du monde s’il fallait. J’étais prête à la damnation éternelle pour ses beaux yeux. Beaux yeux qui, pour le moment, brillaient d’un éclat presque fou, et inquiétant. Oui… J’étais morte d’inquiétude pour lui… Non pas que j’avais peur de lui, jamais je n’aurais peur de lui, j’avais juste peur POUR lui… Oh bien sûr, le Nemo que je connaissais avait du changer avec le temps, mais il restait sensiblement le même à mes yeux. Je devais le protéger. Oui… De lui-même s’il le fallait. Sa voix claqua dans l’air comme un fouet alors que mon bras était toujours enroulé autour du sien.

-Si j’ai pensé aux gens ?! Si moi j’ai pensé ! Qu’est-ce que tu crois Mélusine ? Je pense en permanence, je réfléchis à pleins de choses en permanence et c’est comme ça tout le temps !


Je levais les yeux pour croiser son regard, dur, presque froids… Il n’en fallut pas plus pour que mes prunelles se mettent à briller d’inquiétude, pour que mon bras se fasse plus présent autour du sien, que mon regard se fasse plus présent. Alors que d’une petite voix rauque, je lui répondais.

« Oui… Je le sais tout ça. Je le sais très bien. »


Il y avait une différence entre le savoir et le comprendre. C’était une différence fondamentale si vous voulez mon avis. Je ne pourrais sans doute jamais le comprendre, dans le sens où, bien que j’ai été par le passé son « élève appliquée », il n’en restait pas moins qu’il n’avait fait que me transmettre ses larges connaissances. En sachant qu’une roue « roulait » avoir l’idée d’une charrette et d’une voiture était une autre paire de manches. Le génie, cette petite étincelle qui donnait vie à un peu près toutes les créations, lui, il l’avait. Cette petite étincelle qui donne naissance à des objets qui surpassent la magie. Lui plus que quiconque pouvait en avoir recours. C’était le don de certains humains. Encore plus rare que la magie. Le génie… l’intellect. J’imaginais sa tête telle une petite usine, ne cessant jamais d’imaginer. De construire. Nemo n’était pas un destructeur. Je le savais au fond de moi, j’en étais persuadée, c’était mon devoir de le « sauver ». Une froide détermination me brisais totalement en deux. Deux morceaux bien net, ouvrant à nouveau de vieilles blessures. Mais il fallait faire avec, il fallait garder la tête bien droite, ne rien montrer à personne… oui… Il le fallait. Il ne devait pas savoir. Une fois dans la petite impasse, je fus la seule à m’asseoir. L’observant faire les cents pas tel un fauve, j’aurais presque pus l’entendre gronder. Mon regard se baissa un instant sur mes mains manucurés avec attention pour cette occasion toute spéciale. Mes épaules étaient voutées, comme si… Comme si j’allais disparaître par ce seul geste, j’allais me tasser sur moi-même et disparaître.

-T’expliquer quoi ? Pourquoi ? Tu veux savoir pourquoi ?! … Parce que cet endroit n’est qu’une farce, cet endroit nous retient tous ! Cette ville est une prison Mélusine. Et je suis sûr que chacun ici attends au fond que quelqu’un d’autre règle leur problème à leur place ou attend qu’une idée brillante viennent les sauver et les laissent l’exploiter jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, jusqu’à tout détruire à nouveau. Je te l’ai dit je ne suis pas fait pour la terre ferme ! ...


Ce flot de parole intarissable était comme un éboulement dans un lac. Chaque pierre ridait la surface de l’eau avec plus de puissance que le précédent. Chaque pierre… Comment ignorer la rage, le torrent puissant qui se cachait au fin fond du cœur du capitaine. Cette part d’ombre qui s’y était sans doute toujours trouvé. Puis il y eut ces mots qui me firent relever la tête, et pencher cette dernière, les yeux écarquillés par la stupeur.

-Et puis ce n’est pas toi qui m’as dit que tu voulais défier l’ordre naturel avec moi ? Comme autrefois ?!

Ma voix se fit. Alors même que j’imaginais que, plongé dans ses pensées, il ne m’écouterait sans doute pas… Du moins pas comme je l’espérais. La tempête s’était déclaré, et rien ne pourrait la stopper. C’était comme ça avec l’océan, alors il n’y avait qu’à se mettre face à elle, et à l’affronter. Une douceur mélodieuse s’élevant de ma gorge nouée par la peur, l’inquiétude… Un méli-mélo de trop de choses. Mais au fur et à mesure, ma voix se fit plus profonde, il ne fallait pas oublier que la folie s’accompagnait toujours de sagesse, et qu’on ne savait jamais vraiment qui du sage ou du fou était aux commandes dans ma petite personne.

« J’irais jusqu’au bout du monde avec toi Nemo… Oui… J’irais n’importe où avec toi, ça, je peux te le jurer, et je ne reviendrais jamais sur mes mots. Mais… Celui que tu cherches à sauver, c’est sans doute en partie toi. Tu penses réellement que la destruction est la solution ? Allons mon ami… Tu es assez ingénieux pour trouver quelque chose de moins radicale. Je sais que tu peux le faire, que tu peux faire l’impossible. La destruction… C’est pas vraiment une idée géniale… C’est le dernier recours, celui qu’on choisit quand on est acculés au mur. Si tu l’es… Compte sur moi pour t’en détourner et te faire reprendre le chemin qu’est le tien. Car… En tant qu’amie, en tant que proche… C’est mon rôle. Parce que je tiens à toi. Et parce que si je ne le fais pas… Qui le fera Nemo ? »


Mon regard se perd, ce n’est pas pour autant que cette vérité est plaisante à avouer. L’amitié implique de pouvoir aiguiller son proche. L’amitié…Et l’amour aussi, car je savais que ce n’était pas la seule donnée à entrer en jeu.

-Quant aux gens … j’ai bien vu que ce monde n’était en rien différent, que la société reste toujours la même … la même que celle qui nous rejette depuis des siècles. Quand je pense à tous ses sacrifices ! A tous ses amis perdus … Tout ça pour rien. Presque aucun ici n’en vaut la peine ! Et ne va pas essayer de me convaincre du contraire, j’ai bien vu tout ce qu’ils t'ont fait… ce qu’ils continuent de faire ! Tu es peut-être capable de leur pardonner ça au point de prendre leur défense, mais je ne suis de toute évidence pas aussi bon que toi.


Il s’était rapproché de moi, sa main calleuse venant effleurer ma peau, là où se trouvait sans doute cette marque rosée que je détestais tant. Je posais ma main sur la sienne, la caressant du bout des doigts alors que ce contact me donnait une force un peu tremblante. Je sentais l’inflexibilité dans son ton. Je sentais la rage qu’on sent chez quelques animaux blessés. Ces créatures qui, de base, n’auraient sans doute pas attaqué, pas sortis les crocs, et qui se transformaient en de vrais mangeurs d’hommes. Et c’était sans doute ce que je deviendrais un jour si je ne prenais pas garde. Mais il fallait rester fort. J’attrapais sa main pour déposer une baise au creux de cette dernière, avant de lui répondre. Mon regard évitant soigneusement le sien.

« Oui… Mais il s’agit de ton peuple. Si je ne leur pardonne pas, si je n’accepte pas tous leurs défauts… Alors pourrais-je vraiment garder cette relation si particulière avec toi ? Si je ne leur pardonne pas… Serais-je encore capable de plonger mon regard dans tes yeux ? Pourrais-je encore dominer cette boule de haine que je sens en moi ? Non. Si je ne leur pardonne pas… je me saborde, je nous saborde. Et ça… ça je ne le veux pas. »


Je me relevais, m’éloignant de lui pour m’approcher de l’exacte opposé des petites chaises, touchant du bout des doigts les feuilles de lierres. Une boule comprimant ma gorge. Tout ça… Tout ça… C’était de ma faute n’est-ce pas ? C’était une face du destin pour me punir d’avoir exhibé mes blessures de « guerre » sans honte n’est-ce pas ? Une larme solitaire glissa de ma joue, entrainant un peu de maquillage avec elle, mais il fallait aller au-delà, ma main s’agrippa à un tas de feuille, la broyant, alors que mes pupilles redevenaient égales à celles d’un reptile et que mes iris pâlissaient.

« La société restera toujours la même, peu importe où l’on se trouve… On sera toujours le mouton noir de quelqu’un, surtout lorsqu’on passe sa vie à ne se soumettre à personne… Le truc… C’est de ne plus rien en avoir à faire, d’être vu comme des parias, le truc… C’est de ne plus s’en faire pour ce genre de trucs. Il faut que ça coule comme de l’eau. Tu sais Nemo… Peu importe l’univers, je suis une paria… Les sirènes ne me considèrent pas comme l’une des leurs du fait de mon apparence et les hommes ne m’acceptent pas parmi eux parce que je suis « étrange » et surtout… Inhumaine. Tu sais au bout de 200 ans, on finit par comprendre la leçon. C’est pas pour autant qu’il faut tout détruire. Si je me suis récolté cette nouvelle plaie, c’est parce que j’ai été imprudente… Bien trop imprudente. On est en sécurité nulle part… Les méchants rôdent partout. Est-ce que pour autant il faut tout détruire ? Non… Il faut se munir de nos plus belles armes, et frapper dans le tas. »

La sagesse était mêlée de folie, l’une n’existait pas sans l’autre. Je me retournais pour croiser son regard, essuyant ma petite larmichette d’un geste de la main. M’humectant les lèvres avant de finalement parler à nouveau.

« Dis-moi Nemo… Quelle plaie dois-je panser pour que tu ailles mieux ? Qu’est-ce que tu cherches à fuir ici ? »


Je rompais la distance qui nous séparait, posant ma main sur sa joue, ma main tellement fraiche en comparaison à la sienne, mes doigts tellement pâles comparé à la teinte de sa peau…

« Qu’est-ce qui a changé chez toi mon cher… Depuis la dernière fois que je t’ai vu ? On souffle que le chant de la sirène peut guérir tous les maux, dois-je en user pour apaiser les tourments ton âme ? »




Capitaine Nemo
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Mer 9 Nov - 12:58






Et c'est encore pour notre pomme !




Il faisait noir désormais. Malgré les lueurs des astres et des rues… parce que la noirceur de la nuit n’était jamais très loin de son cœur lorsque ses vieux démons venaient l’agiter. Oh en un temps plus normal il aurait suffi de se dire que ça ne durerait pas, ça ne durait jamais, la lumière du jour finissait toujours par revenir, pas vrai ? En un temps plus normal les premiers mots de Mélusine aurait suffi à l’écarter de cette noirceur. Parce qu’il savait que ce n’était pas ce qu’on attendait de lui. Lui, ce n’était pas une âme tourmentée, pas vrai ? Lui, c’était l’inventeur génial, l’esprit fantasque, l’imagination folle et l’innocence des enfants. Aux autres les tourments et les fantômes, la souffrance et la mélancolie. Nemo aurait voulu en rire si cela n’avait pas été aussi ironique et triste. On lui avait interdit la souffrance. Parce qu’il souriait parfois, parce qu’il pouvait être cet être chaleureux et solaire qui répandait l’émerveillement partout où il allait, on lui refusait le droit d’abandonner son rôle et de, pour une fois, profiter de la chaleur de quelqu’un d’autre. C’était du moins l’impression que faisait ressortir le fruit maudit dans ses pensées. Bien sûr que Nemo cédait aux ténèbres lui aussi, parfois. Mais seul. Parce qu’il ne connaissait pas, bien sûr, les douleurs de tout le monde, parce qu’il était dans sa bulle, dans son monde merveilleux inaccessible. Parfois, le capitaine aurait voulu expliquer aux gens. Il aurait voulu expliquer qu’il était perméable, son monde, tellement perméable. Les ombres y entraient et l’y hantaient sans qu’il ne puisse s’attendre au moindre renfort, coincé à l’intérieur de cette armure qu’il s’était construite seul et que les autres s’étaient chargés de renforcer avec toute la bonne volonté du monde. Et aujourd’hui ces ténèbres débordaient en même temps que la colère et la haine.

Il ne s'était jamais complètement remis de certaines épreuves. Sa trahison au sein de la marine, le massacre de ses hommes, l’emprisonnement sur l’île de la magicienne… Il s'était contenté de braver avec fougue les regards parfois inquiets pour lui. Il avait fait taire la douleur. Il avait noyé ce qui avait été et ce qui était encore. Parce que c'était aussi dans sa nature. Folie et secret. On tentait de comprendre comment il fonctionnait. On comprenait qu'il taisait tout ce qu'il croyait bon de dissimuler. On pouvait s'imaginer le comprendre. On pouvait avoir l'impression, un jour, de mettre la main sur sa manière de fonctionner, mais il continuait d'étonner, de surprendre et de désemparer. Il n’y avait qu’au cours de son long périple auprès de la sirène qu’il avait un temps pu laisser certains fantômes derrière lui, relativement loin de ses pensées. Mais les ténèbres restaient là. Toujours. Comme une hantise. Et la pomme n’avait eu qu’à s’ancrer dans cette part d’ombre pour l’alimenter à loisir, réveillant ce désir de vengeance inexorable contre ses bourreaux qui n’étaient plus, la muant finalement en une haine contre les hommes, contre la terre toute entière. La pomme était parvenue à faire reculer le génie jusqu'à l'acculer au pied du mur. Et ça Mélusine le connaissait finalement assez pour l’avoir compris. Même si à cet instant, à ses yeux, elle ne comprenait pas en fait.

-J’irais jusqu’au bout du monde avec toi Nemo… Oui… J’irais n’importe où avec toi, ça, je peux te le jurer, et je ne reviendrais jamais sur mes mots. Mais… Celui que tu cherches à sauver, c’est sans doute en partie toi. Tu penses réellement que la destruction est la solution ? Allons mon ami… Tu es assez ingénieux pour trouver quelque chose de moins radicale.

Il n’avait pas vraiment prêté oreille au reste de ses propos, continuant sa ronde de pas tel un fauve en cage. Non elle ne comprenait pas. Elle pensait qu’il ne faisait qu’aggraver son cas, alors que lui il comptait simplement le mettre définitivement derrière lui. Aggraver sa situation… Était-ce seulement possible? Il était perdu dans le néant depuis un moment, déjà. Il se croyait condamné depuis que les corvettes royales avaient mis la main sur lui la première fois. Il ne s'inquiétait plus de son propre sort. Mais il s'inquiétait, en revanche, de celui des autres, de son équipage, de celui de Mélusine. La sirène avait déjà beaucoup trop souffert, et tout ce qu'il faisait, il ne le faisait pas forcément pour sa propre personne. Il savait engendrer un monstre de machination terrible. Il le savait, il en avait conscience. Il aurait fallu être un imbécile pour lui demander s'il avait conscience de ses actes ? Bien sûr. Il avait conscience de ce qu'il faisait, mais la pomme faisait qu’il ne s’inquiétait plus des conséquences qu'il engendrerait, autant pour lui-même que pour le restant de la population qui allait être, bien malgré elle, contrainte d'assister à un élan de folie furieuse sortie tout droit d'une tête désabusée et violentée. Il accusait qu'on ne le comprenait pas oui, et il s’était attendu à ce qu’elle ne comprenne pas non plus. A vrai dire la seule chose qu’il attendait vraiment là, sa main prisonnière dans la sienne c’était simplement qu’elle accepte de partir avec lui.

-Je te l’ai dit Mélusine… J’ai renié la terre et les hommes, la mer est ma seule patrie. Je suis Nemo, je suis Personne. Mais ce n’est pas grave si tu ne comprends pas …

Et même si elle fuit son regard, ça ne l’arrête pas vraiment. A vrai dire il est inutile de chercher à lui faire entendre raison. Car la raison à tirer sa révérence de la scène depuis plusieurs jours maintenant. Rien n’est raisonnable dans tout ceci. Alors il la laisse s’éloigner sans ajouter un mot de plus, son regard se perdant un instant sur sa silhouette avant que son attention soit captée ailleurs. Il avait glissé la main dans la poche de son long manteau, laissant l’éclat du fruit doré briller sous la lueur des astres. Il se perd dans sa contemplation d’ailleurs, il avait même presque déjà fait demi-tour, prêt à retourner mettre ses plans destructeurs en route mais la voix douce de la sirène le stoppa une fois de plus, lui faisant retourner la tête, le regard à nouveau neutre, la pomme au creux de sa main.

-La société restera toujours la même, peu importe où l’on se trouve… On sera toujours le mouton noir de quelqu’un, surtout lorsqu’on passe sa vie à ne se soumettre à personne… Le truc… C’est de ne plus rien en avoir à faire, d’être vu comme des parias, le truc… C’est de ne plus s’en faire pour ce genre de trucs. Il faut que ça coule comme de l’eau. Tu sais Nemo… Peu importe l’univers, je suis une paria…

Et il n’en fallait pas plus pour réveiller une nouvelle fois la tempête implacable dans son regard. Oui c’est bien la société le problème. Cette société qui transformait le monde en prison pour les personnes comme eux quand bien même ils restaient libres. Et ça il ne l’acceptait pas. Parce qu’il s’était battu au tout début avant tout pour la justice et la vérité. Pas l'idée d'une justice implacable comme on lui avait fait subir. Et là il ne pouvait décemment pas accepter les paroles de Mélusine. On les avait attaqué psychologiquement si violemment qu'il était inconcevable pour eux d'en être ressorti indemne. Pas après toutes ces épreuves. Ce serait stupide de faire comme si de rien n'était. Il ne niait pas sa faute: il avait aveuglément fait confiance aux hommes et il ne reproduirait plus cette erreur. Il avait cru faire quelque chose de bien, être utile. Et certes, il l'avait été. Comme un jouet. Comme un chien. Il avait alors construit quelque chose, quelque chose de terrible, pour ces hommes qui l’avaient blessé, en participant à sa propre destruction, sans le savoir. Non. Non, il n'avait pas l'intention de s'arrêter maintenant. Oh non ce n’était pas à eux de craindre le monde parce qu’ils étaient différent et libres … C'était plutôt à ceux qui ne leur ressemblait pas, de se faire du souci… Ne pas se laisser abattre. Ne pas se laisser traiter comme de vulgaires insectes, parasites, monstres.

-… On est en sécurité nulle part… Les méchants rôdent partout. Est-ce que pour autant il faut tout détruire ? Non… Il faut se munir de nos plus belles armes, et frapper dans le tas.

-Et c’est exactement ce que je compte faire vois-tu !

Sa plus belle arme c’était son génie, sa folie créatrice et destructrice à la fois. Quand à frapper dans le tas… Il avait bien évidemment déjà estimé le nombre de personne qui survivrait à sa nouvelle machine. Machine qui était déjà prête et qui n’attendait que les dernières mises en place du capitaine. Il visait juste un peu plus grand que la sirène dans ses idées. Mais ce n’était pas très étonnant de sa part. Et il pourrait après ça repartir en ayant fait disparaitre toute trace de cette société et toute traces des fantômes et monstres passé. Que ce soit la magicienne ou les autres. Il avait bien cru l’apercevoir au coin d’une de ses rues. Non Nemo n’avait pas oublié et Nemo n’avait surtout pas pardonné… à aucun d’entre eux. Il était né, chez lui, une rage contre l'humanité si présente qu'il en avait abandonné l'idée de se conduire comme n'importe qui, ou même de se fondre dans la masse. Mais c'était l'histoire de sa vie... Il avait toujours détoné. Même au sein de la marine. Même parmi les pirates. Même avec ses proches. Même tout petit. C'était un peu comme s'il n'appartenait pas à la même époque, au même monde que tous ces beaux gens au regard insouciant. Il avait l'impression de n'appartenir à rien ni personne et de ne coller à aucune image particulière. Il ne se croyait pas maudit ou malchanceux, en revanche. Bien au contraire, il avait choisi d'accepter ce détail, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle du monde. Accepter d'être différent, c'était accepter d'être seul. Etre lui, c'était finalement accepter de mener un combat pour ce qu'il croyait juste, sans se soucier des avis de ceux qui l'entourait. Et ils étaient heureusement peu nombreux… mais eux, il les protégeait de sa propre folie en se taisant, en souriant comme un gamin à l’occasion, en faisant de son mieux, tout simplement. Il avait accepté ce fait. Il avait accepté sa solitude même si, parfois, elle lui pesait. C’était d’ailleurs une chose qu’il avait cru reconnaitre chez Mélusine, une chose qu’ils avaient pu un temps partager et qu’il avait cru pouvoir partager encore.

-Qu’est-ce qui a changé chez toi mon cher… Depuis la dernière fois que je t’ai vu ? On souffle que le chant de la sirène peut guérir tous les maux, dois-je en user pour apaiser les tourments ton âme ?

Il avait raffermi sa prise sur l’objet d’or en la voyant revenir vers lui, mais il n’avait pas reculé, la laissant approcher, son regard toujours aussi sombre et furieux plongé dans le sien, la hargne au bout de la langue. Ce qui avait changé ? Rien il avait seulement arrêté de se voiler la face pour redevenir Nemo et laisser une bonne fois pour toute Nate Osborne dans sa tombe.

-Rien n’a changé Mélusine, justement… Rien n’a changé entre notre monde et celui-ci. Je me suis juste rappelé des choses trop importantes que j’avais oublié en chemin… Et il n’y a qu’une seule chose qui pourra apaiser mon âme, alors ne te fatigue pas…

Il l’avait réalisé au moment précis où il avait compris qu'il n'était qu'une faiblesse et qu'un simple humain pouvait faire de lui un véritable pantin vivant... ou à moitié mort. Il avait silencieusement crié justice devant l'horreur et la douleur. Ou s'était-il contenté de se montrer fort. Il avait tenu tête, dans son arrogance, dans son comportement de gamin effronté qui se fiche du monde entier… Et il continuerait avec l’assurance d’emporter la victoire cette fois-ci. Se détachant de la sirène il avait une nouvelle fois contemplé la pomme d’or entre ses doigts, avant de se tourner vers elle dans un geste vif, électrisant.

-J’espérais juste que tu serais prête à venir avec moi. Mais ne t’en fais pas, toi, tu n’as rien à craindre… Je peux comprendre. Ce n’est pas grave… En revanche, tu m’excuseras je pense… car j’ai encore des choses à faire.

Il s’était détourné à nouveau, repartant en chemin inverse à travers les rues de la ville, la pomme serré dans sa main droite réveillant toujours plus cette fureur et cette rage, ne se préoccupant pas de savoir si elle le suivait ou pas, son pas vif et rapide, emmené par toute sa détermination à en finir une bonne fois pour toute.  Son regard avait seulement été attiré par le reflet étincelant de la pomme au moment où il passait devant la vitrine de ce même magasin d’électronique. Il contempla son reflet le temps d’une seconde, avant de sortir de sa main libre un petit objet de sa fabrication de l’intérieur de sa veste. Après tout pourquoi pas. Objet qu’il avait fixé sur la vitre à l’endroit exact où il avait planté son regard quand il était encore avec Mélusine avant de s’éloigner de plusieurs pas, sortant sa montre à gousset. Trois… deux… un. La boite de métal située sur la paroi de verre se mit en marche… En vérité, ce n’était censé reproduire là que la résonnance parfaite du verre… Et si Nemo s'attendait à voir éclater la vitrine, ce qui se produisit l'étonna un peu. La vitrine explosa en mille éclats certes, mais aussi chaque objet fait en partie de verre contenue dans la vitrine. Oui chaque vitrine, chaque bout de verre vibra, avant de se fracasser dans un son encore plus terrible de vitre cassée, martelant, tel une pluie dangereuse sur le trottoir. Les fenêtres des deux voitures garées juste devant suivirent alors la danse… vibrant ainsi quelques secondes avant de brusquement éclater dans tous les sens. Décidément, c'était un peu plus que ce qu'il avait prévu. Mais au fond, ça l'arrangeait parfaitement, l’éclat de la folie qu’avait provoqué la pomme d’or brillant de manière plus intense encore au fond de son regard alors qu’il admirait presque son propre spectacle…





Victoria O'Donnel
Victoria O'Donnel
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Ven 18 Nov - 22:38





C'est encore pour notre pomme !




Enfermée dans un mur de troubles, un mur de souffrance, je ne savais plus où poser mon regard. J’aurais voulus courir, fuir… Ne plus penser à rien… m’emprisonner dans une noirceur la plus total, m’éloigner du reste du monde. Je n’étais pas une sauveuse, je n’étais pas une héroïne… moi j’étais le monstre. Et pourtant… Le monstre pouvait-il avoir l’envie de sauver l’humain ? Tendre la main pour l’aider à se relever ? J’entendais ses pas martelant le sol, encore et encore, indéfiniment, comme un de ces grands fauves, dans une cage trop petite pour lui, qui ne rêve que d’une chose, d’espaces toujours plus grands, toujours plus libre… Nemo semblait avoir besoin de liberté. Combien de temps avait-il passé sur terre depuis la dernière fois qu’on ne s’était vu ? Bien peu… Bien trop peu.

-Je te l’ai dit Mélusine… J’ai renié la terre et les hommes, la mer est ma seule patrie. Je suis Nemo, je suis Personne. Mais ce n’est pas grave si tu ne comprends pas …


Je relevais les yeux pour figer mon regard dans le sien. Son regard naguère si expressif… Il me semblait si froid… Si austère… Un éclat dur brillait dans ces derniers. Je m’humectais les lèvres, prenant tout mon courage à deux mains pour lui répondre, serrant les poings.

« Je te connais assez pour savoir que le Nemo avec qui j’ai vécu pendant de nombreuses années n’agirait pas comme ça. L’homme que j’ai retrouvé n’agirait pas ainsi. Ma mère est un abri pour tous… Mais elle ne demanderait jamais à ses enfants de détruire sa sœur ! Pourquoi la destruction est toujours la seule solution pour les humains ? Je… S’il te plait… Ne fait pas ça ! »


Ma gorge était nouée, je sentais mes jambes tremblantes. En fait… C’était comme autant de coups portés. Si je n’avais pas vécu autant d’épreuves, je pense que je me serais écroulée, j’aurais juste laissé tomber. Mais je m’étais forgé un caractère, j’étais une fille de l’océan… Une impitoyable fille de l’océan… N’est-ce pas ? Je fronçais les sourcils, le regardant sans le comprendre. Mon être n’était qu’incompréhension en cet instant… J’avais décidé de m’éloigner, de cacher mon trouble, comme je le faisais à chaque fois. Le regard perdu dans ce petit paradis perdu n’intéressant nullement le marin. Est-ce que j’étais déçue ? Oui un peu… Le cerveau d’une sirène courant après une idylle doit être beaucoup trop rose et remplit d’idées de romances pour un marin tel que celui que je convoitait. Est-ce que j’étais inquiète ? Totalement, mon ventre était noué d’angoisse, je craignais le pire. Non pas pour la ville, pour tout dire… Je me fichais bien pas mal de la ville, je m’inquiétais pour Nate. Ce n’était pas lui, je le savais, j’en étais persuadée. Ce n’était PAS lui. La discussion divergea vers la vision de la société. Le regard des autres. J’avais mis un temps fou à me rendre compte que je ne vivais que pour moi, et pour personne d’autre, que le regard des autres… N’était pas une obligation. J’avais bien compris que je n’aurais jamais de clin d’œil complice de la société… J’avais été dénigré par mes pairs, par les humains, on ne me rangeait dans aucune case. Alors j’avais décidé de mener ma vie en marge de la société, ceux qui m’approchent, le font pour moi et moi seul, pas pour une quelconque société qui se trouverait à mes côtés, il fallait apprendre à l’accepter, et c’était un travail de toute une vie… Humaine. Mon inhumanité étant parfois un plus m’offrant le loisir d’avoir tout le temps nécessaire pour tirer mes propres conclusions. Le monde était ainsi fait, pouvait-on le changer ? Oui.. mais il faudrait du temps. L’histoire de ce pas où nous nous étions tous retrouvé en était la preuve. Il fallait toujours se battre pour obtenir quelque chose, de l’indépendance au droit de vote des femmes, il fallait toujours se battre… Et moi aussi… Je devais sans doute me battre. j’étais fatiguée de le faire sans cesse, de crier contre vents et marées jusqu’à m’écharper la voix… Mais je devais le faire… N’est-ce pas ? Sa voix trancha, et je sus à cet instant que j’avais perdu, mon cœur se comprima dans ma poitrine, une douleur sourde me coupa la parole, m’empêchant de dire quoi que ce soit. Mon poing se serra alors, mes ongles imprimant des demies-lunes dans la paume de ma main… Le sang ne tarda pas à couler. Et n’en déplaise à certains, il était aussi rouge que le sang de n’importe quel humain. Je m’étais approchée de lui, j’avais plongé mon regard à nouveau dans le sien… Que je ne reconnaissais malheureusement pas… Je sentais la rage émaner de lui, comme une succession de vagues venant me lécher la peau... La brûler. Cette rage… Cette colère, je l’avais ressentie dans mon cachot… je l’avais ressentis à de nombreux endroits lors de mon existence. Je baissais les yeux, remarquant qu’il tenait un objet étrange dans la main. C’était magique… Aussi magique que moi, mais une petite voix dans ma tête me souffla que si je l’effleurais à peine… Je serais perdue… Aussi égarée que lui. Mon regard se fit affectueux. Il fallait que je l’aide… Je pouvais pas le laisser comme ça, le laisser entre les griffes de ses propres démons. La ville ? Je m’en fichais. Ce qui m’inquiétais, c’était quand il allait retrouver ses esprits. Il ne pouvait pas vivre avec ça sur la conscience en plus…

-Rien n’a changé Mélusine, justement… Rien n’a changé entre notre monde et celui-ci. Je me suis juste rappelé des choses trop importantes que j’avais oublié en chemin… Et il n’y a qu’une seule chose qui pourra apaiser mon âme, alors ne te fatigue pas…


Se battre pour ce que l’on croit… toujours… même quand on est trop fatigués… même quand on est trop déçus. Cette déception là… Elle avait créer une boule dans ma gorge. Derrière mon regard miroita un instant celui de la sirène sauvage, celui du monstre sous la belle surface lisse. Et j’entamais quelques notes du bout des lèvres, pas une parole, juste quelques vocalises, ne souhaitant que l’apaiser, calmer la tempête dans laquelle son cœur avait mit les pieds. Avant d’éclaircir ma gorge.

« Je me fatiguerais et j’irais jusqu’au bout… Parce que je suis convaincu qu’il existe autre chose… Une solution… n’importe laquelle, quelque chose qui… nous sortirait de ce cauchemar… »


Il s’était éloigné de moi, et j’avais à nouveau vu l’objet miroiter entre ses doigts. Cette chose mystérieuse… Qu’était-ce ? J’étais tellement troublée.. J’avais posé la question à voix haute ? Je n’en étais même pas sûre. J’avais regardé la pomme d’or… Sans comprendre de quoi il s’agissait vraiment, mais ça avait l’air d’être précieux pour lui… important, il s’était retourné avec vivacité et mon cœur avait bondit dans ma poitrine… J’avais reculé d’un pas, les yeux écarquillés de peur, le corps tremblant. C’était la première fois qu’il me faisais peur… La première fois que je le craignais. Une plainte s’échappa de ma bouche tendis que mes yeux s’humidifièrent… Mais ce ne fut pas une larme qui tombait, mais une goutte d’eau, puis une autre, la pluie se mit à tomber, drue, puissante, mais je ne tremblais pas à cause du froid. J’empoignais le tissu de ma robe, à l’endroit où se trouvait mon cœur. C’était comme si milles aiguillons s’étaient planté dedans. Il s’était retourné… Il s’éloignait déjà, je ne voyais plus que son dos, son pas rythmé s’éloignant déjà. Je n’eus pas le temps de beaucoup réfléchir, m’élançant à sa poursuite. Tentant de courir derrière lui, mes pas raisonnant dans le silence angoissant de la ville, les larmes me brouillant la vue. Je l’appelais… Je l’appelais mais il ne répondait pas. Je n’avais jamais été douée sur terre, j’étais née dans la mer et souffrait d’une agilité déficiente, c’est ainsi que je me pris une jambe dans l’autre, m’étalant au sol de tout mon long. Devant moi… Il y avait toujours un dos… Son dos, il s’éloignait encore et encore… L’angoisse grandissait dans mon cœur. Comprimant tout, brisant tout sur son passage, ma tête se retrouvant à des lieux du calme et de la sérénité que j’affichais quelques jours auparavant, lorsque j’étais persuadée que tout allait enfin aller pour le mieux dans ma vie. Mais on m’avais prouvé que non. On m’avais prouvé que je n’avais pas droit au bonheur… Je devais me battre jusqu’au bout, espérant récupérer quelques miettes. Je me relevais, m’élançais en titubant, repassant devant le magasin d’électronique devant lequel nous nous étions arrêté auparavant, une explosion m’envoyant valser un peu plus loin, me retrouvant parmi des morceaux de verre en tout genre… Je baissais les yeux pour regarder mon bracelet. Il avait pris un sacré choc… Et l’humanité chèrement gagnée se fit imparfaite. Mon regard redevint celui de la sirène que j’étais, tandis que mes oreilles disparurent au profit de trois appendices de chaque côté de ma tête. J’avais, par chance, toujours mes jambes. Je m’approchais d’une démarche tremblante d’un objet que j’avais bien remarqué, je me demandais même si je ne me l’étais pas pris dans la tronche vu la douleur lancinante que je ressentais au niveau de ma joue gauche… En prime des coupures dont j’avais écopé. J’écrasais du talon l’objet, et par écraser, je parle du mode « rage » consistant à écraser frénétiquement l’objet jusqu’à le réduire en bouillie. Quelque part au-dessus de moi, un grondement fit exploser l’orage. La douleur n’était rien face à la colère que je ressentais, ma démarche se fit rapide, furieuse, tendis que je pourchassais monsieur « J’ai-de-longues-jambes-essaye-donc-de- m’attraper-si-tu-l’ose » qui s’amusait à jouer les saboteurs de rendez-vous. C’est vrai quoi… j’avais pas signé pour ça. Est-ce que j’étais furieuse ? Oui.. Toujours aussi déçue, mais furieuse en plus. Est-ce que je lui en voulais ? Non… Le peu de gens que je croisais se retournait sur mon passage. J’étais passé dans un état second… Non seulement j’avais eu peur de l’homme que j’aimais le plus au monde, mais en plus il s’amusait à se la jouer kamikaze et si personne n’agissait, j’étais prête à le faire. Il était enfin plus proche que jamais, et ma voix claqua dans l’air.

« Nate Ewen Morgan Osborne ! Tu as intérêt à t’arrêter TOUT DE SUITE sinon ça va chauffer pour toi ! »


J’attrapais finalement le tissu de sa veste, le forçant à se retourner. Moi qui m’étais fais toute belle, j’avais mon chignon à moitié défait, mes cheveux me retombant dans un désordre incroyable devant les yeux, ma robe déchirée laissant apercevoir ma peau pâle d’où on discernait quelques coupures, mais rien de trop grave, juste une seule saignait relativement bien au niveau de ma joue.

« Bon… j’ai essayé d’être gentille et de garder mon sang froid, même si… à l’évidence, tu as décidé de gâcher ce que j’avais préparé… Tout devait être propice à ma déclaration, tout était parfait… Mais JAMAIS rien ne va comme je veux, donc au diable tout ça, autant être aussi spontanée que je l’ai toujours été ! »

Je m’éclaircis la gorge, mon regard se faisant mauvais à son encontre.

« T’as été odieux, vexant et quelque chose me dit que ce truc que tu tenais tout à l’heure y est pour quelque chose. OUI je n’ai pas ton incroyable intelligence, je suis même sotte à côté de toi… Une pauvre petite idiote, mais j’ai quand même quelques neurones. Tu n’es pas le Nemo que je connais… Tu n’es que l’ombre de toi-même, un vil mirage. Et ce que j’ai à dire ne concerne pas l’homme que j’ai en face de moi, mais celui que j’ai retrouvé il y a quelques temps, celui qui n’a, fort heureusement, pas pour projet de détruire la ville sous un coup de sang. »

Mon regard inhumain se plongea dans le sien, laissant entrevoir toute l’affection que j’éprouvais pour lui. Repensant aux mots que j’avais échangé avec mon ami Daemon, je finis par parler.

« Je ne suis pas la plus jolie ni même la plus sympathique des créatures, je ne connais pas vraiment les sentiments humains, ni même vos coutumes… Je suis un monstre, je suis une fille de l’océan, je suis bien des choses… mais je suis autre chose… Depuis des années, je suis amoureuse. »

Fronçant les sourcils, sachant pertinemment qu’il n’écoutait de toute façon qu’une phrase sur deux depuis le début de la soirée, je me décidais finalement, attrapant avec force le col de sa veste, tirant de toutes mes forces dessus pour venir déposer un baiser sur ses lèvres. On dit que le baiser de la sirène en damne plus d’un, qu’elle aspire leur âme… mais ce ne sont que de vulgaires « on dit »… Des rumeurs infondées. Je goûtais au sel que le vent marin avait imprégné sur ses lèvres un infime instant qui suffit pour être gravé dans ma mémoire.

« Je t’aimes. Alors maintenant deux choix s’offrent à nous… Soit… Tu me raccompagne au moins jusque chez moi pour que j’aille me coucher… Soit je serais obligée de t’assommer et de te garder enfermé dans le nautilus jusqu’à ce que tu entendes raison. »

Mon regard brillait d’une détermination farouche.





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