[Flashback] It's not always monkeys climbs in trees

It's not always monkeys climbs in trees

C'est tumultueux, la vie d'homme. Une découverte constante, une mer trop peu certaine, une forêt trop étendue. Le genre où on n’a pas forcément le temps de se relever avant que l'ours nous rattrape, où on n’a pas toujours le temps de remonter avant que le requin nous croque. Y a pas de seconde chance dans une vie. C'est des conneries. C'est juste des nuances, pour te dire si t'as merdé un peu ou beaucoup trop. Dans la vie de Nemo, c'était surtout une suite de dominos qui se faisaient tomber les uns les autres, à l'infini. Grands au début, minuscules à la fin… comme ses chances de se rattraper auprès des personnes qui ont à lui en vouloir. Les hommes qu’il a entrainé dans sa chute, les hommes qu’il a perdu en mer, une capitaine à la chevelure de feu et surtout … Mélusine. D’accord il n’est pas sûr que la dernière lui en veuille réellement mais … lui, lui il s’en veut un peu chaque jour de l’avoir laissé disparaitre sans rien dire. Nemo, c'est l'histoire d'un grand rêveur qui a tout raté, jusqu'à être un homme. Le départ de Mélusine c'est finalement devenu un mauvais rêve qui ne s'achève pas, qui refuse de se barrer au matin. Et c'était pas dérangeant, au début du moins. Jusqu'à ce qu'il s'en rende compte, parce que c'est ça le plus douloureux. Quand on a plus besoin des autres pour savoir qu'on est raté, quand on a plus besoin de tomber pour savoir qu'on a aucun équilibre. C'est dur parce que c'est la base du mur qui s'effondre, et tout le reste qui la suit. On fait quoi, quand on a tout raté ? On fait quoi quand on est vide ? Quand on est vidé d'énergie, quand on est vidé d'espoir d'y arriver ? Quand on est vidé d'encre au point de plus pouvoir raconter aucune histoire ? Il reste quoi, quand on peut plus se voir sans être dégoûté, quand on a les mains qui tremblent rien que de savoir qu'on est cette personne, qu'on hait ? Cette personne qui n'en est pas même une. C'est tumultueux, la vie d'un homme. C'est surtout douloureux.

Cette petite douleur, le capitaine essaye de la noyer dans chaque voyage, le portant toujours plus loin à travers les océans. Un jour, il aura même sans doute fait le tour de ce monde et posé le pied dans chaque royaume. Nemo c’est un aventurier, un explorateur de l’inconnu, mais il y a aussi une autre petite raison à toutes ses escales terrestres. Retrouver la terre ferme avait bien sûr quelque chose d'agréable mais le lot d'ennuis qu'elle lui rapportait lui donnait irrémédiablement l'envie de retourner voguer sur les mers sans plus attendre. Pourtant à chaque escale du Nautilus dans un nouveau coin de terre, le capitaine descendait du sous-marin d’acier, espérant au fond de lui retrouver son amie la plus chère un jour, fuyant toujours plus loin la chasseuse de baleine à la chevelure de feu au passage. Cela faisait d’ailleurs deux semaines que le Pequod ne semblait plus être sur leurs talons, et hommes comme machines avaient besoin d’une pause de quelques jours. Alors il avait quitté sa cabine le capitaine, se laissant attirer par cette terre qu’il déteste parfois tant. C’est ainsi qu’il avait commencé à découvrir le royaume d’Andalasia dont il n’avait jamais foulé le sol jusqu’alors. Nemo, il avait une folie de grands espaces, une agoraphobie galopante, un besoin de se barrer de là pour, juste, respirer. Alors il avait laissé le Nautilus et son équipage derrière lui pour cette fois, partant à pied il ne savait où exactement. Quand il était en ville, entouré de tous ces bâtiments, cette humanité bruyante et disons-le, parfois franchement pénible, il n'avait pas tellement envie de s’amuser comme ses hommes pouvaient le faire à l’occasion. Il était plus discret, plus adapté, moins menaçant, s’avançant seul parmi les arbres, un peu sur ses gardes tout de même, après tout on ne savait jamais ce qui pouvait nous tomber dessus dans ce genre d’endroit.

-Bon sang ! Cette forêt n’en fini pas…